Pat Mills, Joe Colquhoun, La Grande Guerre de Charlie. Volume 2,
Delirium,
Paris, 2012.
À l'issue du
tome 1 nous avions laissé Charlie Bourne, ce jeune Britannique qui avait tout
fait pour s'engager dans l'armée et combattre contre les Allemands malgré son
jeune âge, en plein bombardement le jour de son anniversaire.
Après les
treize échecs des estafettes chargées d'aller prévenir leurs supérieurs qu'ils
étaient en train de leur tirer dessus, c'est finalement Charlie qui prenait son
courage à deux mains pour se lancer à travers les tranchées afin d'avertir
qu'il fallait cesser les tirs meurtriers qui décimaient sa section.
Dans ce
second épisode plus sombre que le précédent, c'est tout autant l'officier zélé
ou imbu de lui-même que l'Allemand qui sont les ennemis. Trois gradés incarnent
cette haine du supérieur: tout d'abord le Lieutenant Thomas qui assomme Charlie
pour se servir de lui comme bouclier humain. Puis c'est le Lieutenant Snell, un
planqué, qui préfère finir son repas au
lieu de faire cesser les tirs amis sur les compagnons de Charlie. Enfin, c'est
l'ignoble Sergent Bacon, Sous-officier chargé de la basse besogne de faire
régner la discipline qui sera l'ennemi de Charlie durant toute la première
partie de la BD.
Ce second
volume sera aussi celui qui met en avant le caractère industriel de cette
Première Guerre mondiale, avec la première utilisation des chars d'assaut sur
les champs de bataille. Véritables monstres d'acier difficilement maniables,
ils rendent fous leur pilote à cause des gaz toxiques qu'ils projettent dans
les cabines. La crainte qu'ils inspirent est sans précédent.
Les
conditions de vie des soldats sont aussi plus rudes dans cet épisode. Ils y
connaissent la boue, les rats, la mort de leurs proches, l'angoisse, la peur,
la faim. C'est le début des tentatives de désertion: on se blesse
volontairement pour éviter les combats et rentrer au plus vite chez soi. Cette
bataille de la Somme dans laquelle les soldats sont engagés depuis le premier
tome, c'est la fin des illusions d'une guerre courte et propre. C'est la fin
des espoirs d'une victoire rapide et définitive sur les Allemands. C'est la fin
d'un sentiment d'héroïsme et de supériorité. La mort de Ginger, le plus proche
ami de Charlie le traumatise et attise sa haine. Les quelques planches sur cet
épisode sont fantastiques.
Ce troisième
tome, c'est enfin celui qui marque la rupture définitive de Charlie avec le
monde extérieur, avec l'arrière, symbolisé par son pleutre de beau-frère
totalement incapable de se débrouiller tout seul et mettant à plusieurs
reprises Charlie en danger par son incompétence au combat.
Ce deuxième
volume se termine avec le début de la terrible opération Wotan, où l'Escadron
du Jugement Dernier, des soldats extrémistes allemands, abusent de l'éducation
et des valeurs des Britanniques pour les
prendre en traîtres.
Une nouvelle fois, les dessins époustouflants et
un scénario bien élaborés sont les clefs de la réussite de ce numéro d'une
longue série que l'on ne se lasse pas de lire
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire