dimanche 14 mai 2017

Pat Mills, Joe Colquhoun, La Grande Guerre de Charlie. Volume 2, Delirium, Paris, 2012.




Pat Mills, Joe Colquhoun, La Grande Guerre de Charlie. Volume 2,
Delirium,
Paris, 2012.

À l'issue du tome 1 nous avions laissé Charlie Bourne, ce jeune Britannique qui avait tout fait pour s'engager dans l'armée et combattre contre les Allemands malgré son jeune âge, en plein bombardement le jour de son anniversaire.

Après les treize échecs des estafettes chargées d'aller prévenir leurs supérieurs qu'ils étaient en train de leur tirer dessus, c'est finalement Charlie qui prenait son courage à deux mains pour se lancer à travers les tranchées afin d'avertir qu'il fallait cesser les tirs meurtriers qui décimaient sa section.

Dans ce second épisode plus sombre que le précédent, c'est tout autant l'officier zélé ou imbu de lui-même que l'Allemand qui sont les ennemis. Trois gradés incarnent cette haine du supérieur: tout d'abord le Lieutenant Thomas qui assomme Charlie pour se servir de lui comme bouclier humain. Puis c'est le Lieutenant Snell, un planqué, qui  préfère finir son repas au lieu de faire cesser les tirs amis sur les compagnons de Charlie. Enfin, c'est l'ignoble Sergent Bacon, Sous-officier chargé de la basse besogne de faire régner la discipline qui sera l'ennemi de Charlie durant toute la première partie de la BD.

Ce second volume sera aussi celui qui met en avant le caractère industriel de cette Première Guerre mondiale, avec la première utilisation des chars d'assaut sur les champs de bataille. Véritables monstres d'acier difficilement maniables, ils rendent fous leur pilote à cause des gaz toxiques qu'ils projettent dans les cabines. La crainte qu'ils inspirent est sans précédent.

Les conditions de vie des soldats sont aussi plus rudes dans cet épisode. Ils y connaissent la boue, les rats, la mort de leurs proches, l'angoisse, la peur, la faim. C'est le début des tentatives de désertion: on se blesse volontairement pour éviter les combats et rentrer au plus vite chez soi. Cette bataille de la Somme dans laquelle les soldats sont engagés depuis le premier tome, c'est la fin des illusions d'une guerre courte et propre. C'est la fin des espoirs d'une victoire rapide et définitive sur les Allemands. C'est la fin d'un sentiment d'héroïsme et de supériorité. La mort de Ginger, le plus proche ami de Charlie le traumatise et attise sa haine. Les quelques planches sur cet épisode sont fantastiques.

Ce troisième tome, c'est enfin celui qui marque la rupture définitive de Charlie avec le monde extérieur, avec l'arrière, symbolisé par son pleutre de beau-frère totalement incapable de se débrouiller tout seul et mettant à plusieurs reprises Charlie en danger par son incompétence au combat.

Ce deuxième volume se termine avec le début de la terrible opération Wotan, où l'Escadron du Jugement Dernier, des soldats extrémistes allemands, abusent de l'éducation et des valeurs des  Britanniques pour les prendre en traîtres.

Une nouvelle fois, les dessins époustouflants et un scénario bien élaborés sont les clefs de la réussite de ce numéro d'une longue série que l'on ne se lasse pas de lire

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