Cédric Apikian et Denis Rodier, La 3ème Kamera,
Glénat, Paris,
2024
Glénat, Paris,
2024
Au printemps 1945, l’Allemagne nazie est défaite. Berlin est
en ruines. Des monceaux de gravas bordent des rues cabossées dan lesquels les
alliés circulent au péril de tomber sur quelques embusqués qui n’acceptent pas
la défaite et sont prêts à se battre jusqu’à la mort pour un Führer qui est en
passe de se suicider dans son bunker.
C’est dans ces ruines qu’un officier nazi se planque avec sa
bande d’acolytes. Il n’en n’a pas fini avec ceux qu’ils considèrent comme ses
ennemis et avec les Werwolf, ces irréductibles qui refusent de rendre les
armes, il poursuit le combat à son échelle, entrainant des militaires dans les
bas-fonds berlinois pour leur régler leur compte. Mais si Strauss se cache, c’est
aussi parce qu’il a, comme de nombreux SS, du sang d’innocent sur les mains et
il craint d’être attrapé par l’armée ennemie qui prépare le procès de Nuremberg.
Dans ce monde sauvage où règlement de compte et loi de la
jungle règnent, Krabe, un autre allemand, déambule, un appareil photo en bandoulière.
Il tient à ce précieux objet qui intéresse les alliés. Il s’agirait peut-être de
la 3ème Kamera, comme on avait tendance à surnommer ce troisième appareil avec
lequel les membres du service de la propagande nazie prenaient des clichés
inofficiels. Contiendrait-il des documents susceptibles d’apporter les preuves
indiscutables de la culpabilité des chefs nazis qui allaient comparaitre devant
la justice internationale ?
Dans un époustouflant théâtre postapocalyptique de fin de
Seconde Guerre mondiale, Cédric Apikian au scénario et Denis Rodier au dessin (qui
s’était déjà illustré dans l’excellent roman graphique La Bombe qui retrace l’histoire
de l’arme atomique), entrainent le lecteur dans une enquête pleine de suspens
et de rebondissements, jusqu’au dénouement final assez inattendu. Une version
couleur existe, mais l’édition collector noir et blanc donne une vraie
profondeur et une immense force à l’ensemble.
Trois grandes thématiques historiques émergent de ce roman
graphique. La première, et peut-être la plus connue, est celle de la traque des
chefs nazis alors que la guerre n’est pas encore totalement finie. Des commissions
d’enquête cherchent des preuves accablantes afin de préparer un procès
inoubliable qui était censé donner une leçon d’humanité au monde pour que de
telles horreurs ne puissent se reproduire. Moins connues, est celle des
photographies inofficielles prises par des membres de la SS sur les lieux d’assassinat
en Europe de l’Est. Ces photographies, très largement diffusées et utilisées
dans toutes les classes de France et d’ailleurs sont souvent exhibées sans qu’on
en explique l’arrière du décor au sens propre du terme, à savoir qui est
derrière l’objectif, et quelles sont les circonstances et les raisons de ces
prises de vues.
Les Werwolf enfin sont mis en avant, non pas pour être
glorifiés, mais pour montrer à quel point de fanatisme et de manipulation ils
ont été soumis pour donner leur vie à un Führer, qui, même mort, continuait de
soumettre ces jeunes garçons à son idéologie mortifère dont personne dans son
camp n’est ressorti vainqueur.
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