Paris, 2023.
En mêlant douceur, onirisme et cruauté sans filtre, les
trois auteurs livrent dans ce roman graphique un récit inédit d’une force sans
égale par rapport à toutes les productions citées précédemment. C’est à travers
l’histoire du jeune Nivek, jeune personnage de fiction qui incarne tant de
destins réels, que les auteurs nous plongent dans l’odyssée de ce jeune
africain qui n’a qu’un objectif : trouver l’endroit où il pourra vivre en toute
sérénité et observer dans une quiétude tant espérée les étoiles brillantes de
la voute céleste qu’il assimile à l’univers de paix si recherché.
On sent dès le début de l’histoire que le parcours de Nivek
sera compliqué. On est même très vite persuadé que rien ne finira bien. Mais au
cours de ses pérégrinations et de ses rencontres, le jeune homme grandit, tant
en taille qu’en esprit. Véritable parcours initiatique, c’est à partir des mines
du Kivu et en traversant la jungle, la savane, le désert libyen, la méditerranée
que Nivek se construit. 
Enfant qui échappe à un accident dans une mine de coltan du
Congo, il devient ensuite enfant soldat, drogué et quasi envouté, qui ne sait
pas pour quoi et pour qui il se bat et commet des atrocités. Accompagné de
Joseph, un compagnon d’infortune, il fuit pour intégrer une tribu de chasseurs
d’éléphants. Toujours en quête d’un monde meilleur, c’est en compagnie d’un
sorcier qu’il poursuit son voyage à travers la savane et dans le désert, où il
rencontre l’amour en Aïcha, qui devient sa nouvelle raison de vivre et de ne jamais
baisser les bras.  
Le style graphique de Garcia Sanchez transcende cette
histoire. Par un découpage très original et des personnages longilignes et à la
fois anguleux et plein de rondeurs, il installe un très fort dynamisme qui
entraine le lecteur dans la course folle des différents protagonistes. Associé à
Moral qui s’est chargé de la couleur, il trouve ses inspirations dans ce qu’on a
coutume d’appeler les arts premiers africains. Ensemble, ils ont réussi à créer
une ambiance chaleureuse qui peut s’avérer inquiétante dans certains épisodes
de l’histoire scénarisée par Altarriba. 
Lauréate du grand prix de la critique de l’ACBD en 2024,
cette bande dessinée est certainement l’une des meilleures productions sur les
migrants et les migrations et certainement l’une de meilleure bande dessinée réalisée
ces dernières années. Un véritable chef-d’œuvre.





 
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