dimanche 26 mai 2019

Jean-François Champollion, Lettres et journaux écrits pendant le voyage d'Egypte, Christian Bourgois éditeur, Paris, 2019.




Jean-François Champollion, Lettres et journaux écrits pendant le voyage d'Egypte,
Christian Bourgois éditeur,
Paris, 2019.

Recueillis et annotés par H. Hartleben



L'Egypte antique a de tous temps fait rêver des générations d'enfants sur les bancs de l'école. Les programmes scolaires, jusqu'il y a peu d'années, invitaient à présenter les sphynx, pyramides, et masques mortuaires en or, à des jeunes ébahis par la beauté et la magnificence de tels vestiges. Pourtant c'est une histoire longue et bien compliquée qu'il fallait transmettre, et bien peu la maitrisaient réellement.

Cette fascination pour l'Egypte est sûrement issue des descriptions de passionnés, d'explorateurs qui en leur temps ont découvert, parfois pillé, les tombeaux des pharaons pour remplir les salles des musées européens. Parmi ces hommes, nul doute que Champollion soit le plus connu. Mais à la différence des autres, ce fou d'histoire égyptienne, a fait preuve de bien plus de respect pour le peuple et la culture égyptienne en qui il voue une admiration sans limite.

Le recueil de lettres, articles, notes présentés ici en est une preuve parfaite. Il s'agit d'un ensemble de documents produits par Champollion suite à son voyage en Egypte entre 1828 et 1829, quelques années après avoir réussi à traduire les hiéroglyphes grâce à la Pierre de Rosette. Il se rend sur place non seulement pour découvrir de nouveaux sites jusqu'à la deuxième cataracte, mais aussi pour vérifier les travaux des auteurs romains et grecs antiques, ainsi que ceux de ces contemporains. Avec minutie et un sens du détail, il décrit, relève, compare, prélève, dessine et fait dessiner tout ce qu'il voit pour retracer au mieux l'histoire des dynasties égyptiennes qui se sont succédées à la tête du royaume. Point d'orgue de ce "reportage", son époustouflante description de Thèbes à travers les lettres qu'il écrit à son frère ainé, le célèbre archéologue Champollion-Figeac, avec qui il souhaite partager ses découvertes.

A travers ces écrits, Champollion fait état aussi du contexte géopolitique européen et mondial de l'époque. En cette période colonialiste, il se démarque de l'opinion commune, n'hésitant pas à critiquer la politique militaire de la France qui met en péril son voyage. Bien que le style soit très "dix-neuvième siècle", c'est avec un grand respect et admiration sans bornes que le Pacha est mentionné. Et s'il faut ramener en France un obélisque, c'est celui de Louqsor que conseille de démonter et transporter Champollion, non sans avoir au préalable dédommagé comme il se doit les Egyptiens. 

Ce n'est donc pas uniquement chargé d'antiquités égyptiennes que rentre Champollion en France après presque un an et demi de pérégrination, mais aussi avec son "portefeuille" de dessins et croquis réalisés en grande partie par son équipe de Toscans qui prélève sur papier chaque monument, chaque fresque avec un réalisme époustouflant. C'est donc accompagné d'un recueil de ces travaux que nous vous conseillons de prendre le temps de vous plonger dans ces lettres et notices monumentales de l'Egyptologue le plus célèbre du monde. 

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