lundi 17 février 2025

Frank Margerin, Dans les petits papiers de Margerin, Robinson, Hachette Livre, Paris, 2024.


Frank Margerin, Dans les petits papiers de Margerin
Robinson, Hachette Livre,
Paris, 2024.

Comment mieux entrer dans l’intimité d’un auteur, et surtout d’un auteur de BD, qu’en se plongeant dans ses carnets de croquis ? Cette étape préparatoire aux œuvres définitives fait état de la réflexion et des techniques de travail propres à chaque artiste.

Il en est ainsi de ce très beau recueil qui nous fait entrer Dans les petits papiers de Margerin. L’auteur qu’on ne présente plus livre ici des centaines de feuilles griffonnées de silhouettes et d’esquisses de ses principaux personnages : Lucien, le rockeur à la banane gominée, Manu et Momo, le coursier maghrébin qui parcourent les rues parisiennes sur son scooter.

Sur papier blanc ou sur feuilles à petits carreaux, sur des carnets publicitaires (Maif) ou de croquis,  sont jetées de façon nerveuse les idées des futures planches des bandes dessinées de Margerin. Elles sont régulièrement accompagnées de textes raturés, de remarques et de petits bouts de scénarios.

L’ouvrage est chapitré selon les passions et les intérêts de l’auteur : la bécane, la musique, le sport et surtout un amour de la vie quotidienne. C’est dans cette vie de tous les jours que sont a[e]ncrées toutes les histoires de ses héros ordinaires. Chacun des chapitres est introduit par Frank Margerin qui exprime son point de vue sur les sujets traités.

Lire Margerin, c’est s’immerger dans la société des années 1970-1980, se plonger dans l’ambiance des milieux populaires dans lesquels le lecteur ne peut que se reconnaitre. Les histoires se déroulent au bas de la rue, dans le troquet du coin, dans la salle de répèt du petit groupe de rock local. Lire Margerin c’est retourner dans une France insouciante et qui osait, dans laquelle les espoirs et les possibilités n’étaient pas entravés par des politiques sécuritaires et les esprits n’étaient pas encore sclérosés et abrutis par les réseaux sociaux. Les jeunes, et les moins jeunes, discutaient entre eux et n’étaient pas rivés sur leur portable. Le loubard en blouson noir du quartier était en rébellion contre les injustices de ce monde et non contre son voisin.

C’est bien évidemment de Lucien qu’on parlera plus dans ce livre. Le héros évolue au fil des pages, gagne en maturité et s’assagit en fondant une famille. Lucien, incarnation dessinée peut-être de son auteur, est devenu père de famille et transmet ses passions à sa progéniture, devenue elle aussi personnage clef des récits plus récents.

Outre des croquis tirés des cartons de Frank Margerin, le livre offre à ses lecteurs une histoire inédite et non terminée de Lucien qui cherche un nouveau véhicule auprès d’un concessionnaire qui n’a pas bien compris le caractère traditionnel du rockeur. Des affiches de films et de festivals de musique, ainsi que des dessins réalisés pour des pochettes de disques ou pour des coffrets (Renaud) viennent compléter un ensemble qui constitue un « parfait cadeau pour les fans du dessinateur mythique".

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