mercredi 13 février 2019

Guy-Pierre Gautier et Tiburce Oger, Ma guerre de la Rochelle à Dachau, Rue de Sèvres, Paris, 2017.




Guy-Pierre Gautier et Tiburce Oger, Ma guerre de la Rochelle à Dachau,
Rue de Sèvres,
Paris, 2017.


Nous avions beaucoup hésité à nous procurer cet ouvrage. Quelque chose, peut-être dans la couverture, dans la typographie du titre, ou tout simplement le fait qu'à ce moment beaucoup de BD sur le sujet était sorties, avaient fait que nous l'avions reposé sur les étagères de notre libraire préféré. Et pourtant qu'aurions-nous raté si nous n'avions pas franchi le pas et brisé la barrière psychologique qui nous retentenait ! Parce que c'est là l'une des meilleures bandes dessinées sur le système concentrationnaire que nous ayons lues…

Tout commence un 8 mai 2015, sous la pluie, jour de commémoration pendant lequel Guy-Pierre Gautier se voit remettre la Légion d'honneur, sur une place de La Rochelle. S'en suit un magnifique flashback en deux parties: le récit des actions de résistance du grand père maternel du dessinateur, et sa survie dans le camp de concentration d'Allach, camp annexe de Dachau. 

A peine sortie de l'adolescence, Guy-Pierre Gautier connait la débâcle et l'invasion allemande qu'il refuse immédiatement. Tout naturellement, il se tourne vers les groupes résistants, comme de nombreux autres qui ont constitué le beau vivier de la Résistance communiste de la Charente-Maritime. Distributions clandestines de tracts, collages d'affiches, c'est ensuite par des actions plus fortes que le jeune Gautier confirme son engagement dans le combat en attaquant les bureaux de la Légion des Volontaire français ou ceux du Service du travail obligatoire. Le 22 octobre 1943, il est finalement arrêté par la Gestapo et la Milice française pour être dans un premier temps interné dans l'énorme prison de Villeneuve-sur-Lot avant d'être transféré dans le terrible Kommando d'Allach en Allemagne.

Là débute une toute autre histoire. Nous parlions en préambule de meilleure bande dessinée sur le système concentrationnaire et nous le confirmons ici tant la suite de l'histoire fourmille de détails sur la survie des hommes dans un camp de concentration. Tout y est minutieusement décrit et mis en images de façon magistrale, le dessinateur respectant à coup sûr le plus fidèlement possible un témoignage sans faille. Chaque étape, chaque moment de vie du détenu est racontée avec précisions et sans artifice: l'arrivée en train, le débarquement sous les coups, la désinfection au Crésyl, la tonte des cheveux, l'octroi d'un vêtement et de chaussures, l'attribution d'un insigne triangulaire, l'affectation à un kommando à l'usine BMW rattachée au camp, le terrible kommando de construction, les Kapos qui frappent pour défendre leur position de privilégiés, la vie dans le block, les punitions, les exécutions publiques, l'appel, la distribution de nourriture, l'entraide, le crématoire qui avale les corps des plus faibles, les expérimentations médicales, les marches de la mort… Tout, absolument tout y est.

Le camp de Dachau est libéré le 30 avril 1945 par des troupes américaines qui découvrent l'horreur du nazisme. c'est alors le début de la mise en quarantaine des prisonniers libres, mais contraints de rester cloitrés sous peine d'être abattus. Puis arrive la véritable délivrance et le retour par l'Hôtel Lutétia à Paris.

Formidable instrument pédagogique sur le nazisme, la résistance et l'univers des camps, cette bande dessinée se doit d'être dans toutes les bibliothèques, et pas simplement de ceux qui apprécient l'Histoire. 


1 commentaire:

  1. Cette bande dessinée me semble très intéressante, tout comme "Le voyage de Marcel Grob" précédemment chroniqué. Elles n'ont malheureusement pas été acquises par ma bibliothèque (pourtant à Blois, avec Les Rendez-Vous de l'Histoire, il y a un bon fonds de BD historiques) et du coup, il est difficile d'y avoir accès... Merci pour ces chroniques très intéressantes.

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