dimanche 21 octobre 2018

Miriam Katin, Seules contre tous. Une mère et son enfant otages du terrible destin de la Hongrie, Futuropolis, Paris, 2014.




Miriam Katin, Seules contre tous. Une mère et son enfant otages du terrible destin de la Hongrie,
Futuropolis,
Paris, 2014.

On connait tous bien la tragédie des pays d'Europe de l'est sous la domination nazie. On s'intéresse moins au sort qu'ils ont subi suite à leur occupation par l'Armée rouge. Cette bande dessinée au format carré original est là pour nous le rappeler en mettant en scène une mère et sa fille, en perpétuelle fuite depuis 1944, date à laquelle les nazis se lancent dans l'assassinat de masse des juifs de Hongrie.

Alors qu'elles n'ont plus aucune nouvelles depuis longtemps du père de famille, parti se battre au front, les deux femmes juives sont contraintes de fuir la capitale hongroise devenue bien trop dangereuse. Aidées par quelques personnes, elles réussissent à obtenir de faux papiers et à passer entre les mailles d'un filet qui ne fait que se resserrer sur elles pour partir à la campagne où la surveillance est moins forte. C'est au service d'une famille de fermiers que se met la mère afin de payer l'hébergement de fortune qu'on a bien voulu lui offrir. Mais c'est sans compter sur l'arrivée impromptue de cet officier nazi qui ne laissera la mère tranquille que contre les services qu'elle peut lui offrir avec son corps...

Tout bascule encore une fois au milieu du livre, quand l'histoire prend une nouvelle tournure correspondant au moment où l'Armée rouge écrase les Allemands. Les habitants de la campagne voient débarquer les soldats soviétiques galvanisés par l'euphorie de la victoire et abrutis par l'alcool. Un nouveau cauchemar commence pour les deux juives qui sont obligées de nouveau de fuir. Recueillies dans leur malheur par un ultime bienfaiteur, elles sont loin d'imaginer qu'à des kilomètres de là quelqu'un les cherche activement. 

Par un crayonné torturé, l'auteure pose sur ce livre une ambiance sombre, violente, lourde. Par l'alternance de planches en noir et blanc et de planches en couleur, le lecteur perçoit aussi les deux temporalités de l'ouvrage et comprend très vite que l'histoire narrée est celle de la dessinatrice et de sa mère et que la petite fille de trois ans de l'histoire est bien Miriam Katin, artiste venue tardivement à la bande dessinée. Un ouvrage incontournable chargé d'émotions, et de plein d'espérance.

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