Catherine Bréchignac,
Retour vers l’obscurantisme,
Le cherche
midi,
Paris, 2022.
Les théories du complot foisonnent, les crédules qui pensent
que la Terre est plate sont de plus en plus nombreux, les fake news sont les « infos »
qui font le plus le buzz sur la toile… Nous sommes à une époque de post-pandémie
où le moindre « gourou » est capable de manipuler sans aucun frein
des millions de personnes. Et pourtant, jamais les sciences n’ont autant
progressé que ces dernières années…
Comment est-il possible que, malgré l’évidence de certains
faits scientifiquement ou historiquement prouvés, il subsiste une frange de
plus en plus importante de la population qui les remet en cause ? C’est la
question que se pose Catherine Bréchignac, membre de l’Académie des
technologies et de l’Académie des sciences et ancienne directrice générale et
présidente du CNRS. Mais ce qui intrigue certainement encore plus la chercheuse,
c’est le fait qu’en France et dans le monde, après des siècles de lutte pour
les droits et les libertés, on assiste à un retour à l’obscurantisme, une
idéologie visant à refuser tous les progrès.
Pour tenter de répondre à ces interrogations, on suit Agil, un
personnage fictif, presque naïf qui s’interroge sans cesse et qui trouve les
réponses en retraçant l’histoire des sciences et des progrès techniques basiques
tels que le feu et l’électricité par exemple. Il découvre qu’au moment de leur
invention, la plupart des progrès ont fait peur et ont suscité des craintes qui
ont poussé les Hommes à s’en méfier pendant un certain temps avant que leur
usage n’en devienne commun.
Mais notre époque, à la différence du passé, est celle des
réseaux sociaux qui sont devenus de puissants vecteurs de transmission des
peurs de masse. Il suffit qu’un manipulateur y instille une nouvelle théorie,
sous couvert d’un faux raisonnement, pour que les masses s’en saisissent et y
voient la volonté de quelques groupes imaginaires de dominer le monde. Et quand
vient s’y greffer en plus la superstition, l’ensemble devient presque
incontrôlable et il n’est plus possible de démontrer que ces mensonges ne
reposent que sur des erreurs bien souvent commises volontairement.
Pourtant la science devrait rassurer. Elle est aujourd’hui
capable de trouver des remèdes très rapidement à des maladies, elle se nourrit
du doute pour avancer, car le scientifique se questionne en permanence pour
aller encore plus loin. Elle est là justement pour sortir l’Homme de l’obscurantisme,
comme l’ont voulu, en leur temps, les Lumières.
Comment faire pour sortir l’Homme de ces peurs irraisonnées
et empêcher qu’il ne soit soumis aux manipulateurs de toutes sortes ? L’éducation
et l’enseignement sont les remèdes contre ces dérives. Mais encore faut-il que
les enseignants se rendent compte qu’ils ne sont plus simplement des
transmetteurs de connaissances (internet fait le boulot), mais qu’ils doivent
désormais se positionner en régulateurs et en modérateurs, afin de permettre
aux jeunes à repérer les fausses informations et les idéologues en tout genre et
qu’ils puissent acquérir l’esprit critique qui leur permettra d’élaborer des
jugements éclairés.
A l’heure où tout le monde dispose d’un smartphone, ce sont
les compétences du 21e siècle qui devront constituer l’enjeu de l’école
de demain.
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