mercredi 4 janvier 2017

Robyn Young, L'Âme du Temple. Tome 3. Requiem, Fleuve noir, Paris, 2009.




Robyn YoungL'Âme du Temple. Tome 3. Requiem,
Fleuve noir,
Paris, 2009.
Traduit en français par Maxime Berrée.

" Le Christ sait que nous sommes innocents, comme il sait que sont coupables ceux qui nous ont condamnés. Je dis que ces hommes, les vrais coupables, en répondront devant le tribunal de Dieu. Car nul homme, fut-il roi ou pape, n'échappe au jugement divin". C'est par ces mots que Jacques de Molay, dernier Grand Maître de l'Ordre du Temple, terrassé par sept années de torture, maudissait le roi Philippe Le Bel, son sinistre ministre Nogaret et le Pape Clément V qui l'ont mené sur le bûcher ce funeste jour de 1314.

Dévoiler la fin de ce roman n'est absolument pas trahir un grand secret, tant la chute des templiers et la mise à mort de leur dernier Maître est un sujet classique de la littérature et du cinéma et que cet épisode est connu de tous ceux qui s'intéressent un minimum à l'histoire. C'est plutôt la dernière période de la vie de Will Campbell, héros de cette série en trois volumes, qu'il est intéressant de découvrir. Ce personnage de fiction dont on suit l'évolution au sein du Temple et de l'Anima Templi, l'Âme du Temple, société secrète découverte  dans le premier volume, termine ici son aventure, en même temps que se meurt Jacques de Molay.

Quand débute Requiem, Will a cinquante ans. Il est de retour de Terre sainte accompagné par Jacques, le nouveau Grand Maître, qui ne nourrit qu'une seule envie: trouver du soutien auprès des souverains européens afin de repartir en croisade.

Nous pouvons alors suivre dans la première partie du roman les pérégrinations de Will dans une Europe déchirée par les conflits entre souverains et les tentatives du pape pour relancer une croisade dans le but de récupérer les lieux saints repris par les "infidèles". Les templiers, enjeux des luttes européennes, se trouveront dès lors au centre de ces rivalités géopolitiques et Will va être confronté aux plus grand choix de son existence. Doit-il se joindre aux autres templiers pour combattre l'Ecosse, sa nation d'origine, aux côtés d'Edouard d'Angleterre, l'homme qui lui a fait perdre tout ce à quoi il tenait le plus ? Doit-il venger l'amour de sa vie et devenir régicide? Doit-il abandonner le manteau des templiers pour défendre l'Ecosse contre l'envahisseur anglais? Ou enfin doit-il rester auprès du roi de France, Philippe Le Bel, dans la cour duquel il a abandonné sa fille qui le rejette?

Ce roi ambitieux qu'est Philippe Le Bel a besoin d'argent pour soumettre la Flandres rebelle et rattacher la Guyenne au royaume. Et où le trouver de manière plus sûre quand on a déjà dépouillé les juifs si ce n'est en confisquant les biens des templiers, ces "banquiers des souverains" ? Toute la seconde moitié du roman, telle une messe de requiem avant un enterrement, est consacrée au récit de ce processus mis en place par le roi et Nogaret pour détruire l'Ordre du Temple. Mais pour ce faire, il faut se débarrasser des obstacles qui pourraient se poser et discréditer définitivement les moines guerriers dont l'image a été déjà passablement écorchée par leurs échecs en Orient. Les accuser d'hérésie sera le meilleur des prétextes pour prendre les premières mesures contre eux dès 1307. Mais le roi ne peut leur éviter un procès. Emprisonnement, Inquisition, assassinats, torture, tous les moyens sont mis en œuvre pendant sept longues années  pour leur faire avouer des crimes qu'ils n'ont pas commis; procès dont l'épilogue célèbre sera marqué par cette diatribe précédemment citée de Jacques de Molay prononcée alors que les flammes commençaient à consumer son corps meurtri par les instruments de torture.

Ce troisième et dernier tome met fin en apothéose à une série de fiction médiévale plutôt bien documentée qui rend l'histoire vivante et qui pourra à nul doute séduire les passionnés du moyen âge ainsi que les novices en histoire et qui n'a d'égal que la saga des Piliers de la terre de Ken Follet.

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