mercredi 16 avril 2025

Cédric Apikian et Denis Rodier, La 3ème Kamera, Glénat, Paris, 2024





Cédric Apikian et Denis Rodier, La 3ème Kamera,
Glénat, Paris, 
2024

Au printemps 1945, l’Allemagne nazie est défaite. Berlin est en ruines. Des monceaux de gravas bordent des rues cabossées dan lesquels les alliés circulent au péril de tomber sur quelques embusqués qui n’acceptent pas la défaite et sont prêts à se battre jusqu’à la mort pour un Führer qui est en passe de se suicider dans son bunker.

C’est dans ces ruines qu’un officier nazi se planque avec sa bande d’acolytes. Il n’en n’a pas fini avec ceux qu’ils considèrent comme ses ennemis et avec les Werwolf, ces irréductibles qui refusent de rendre les armes, il poursuit le combat à son échelle, entrainant des militaires dans les bas-fonds berlinois pour leur régler leur compte. Mais si Strauss se cache, c’est aussi parce qu’il a, comme de nombreux SS, du sang d’innocent sur les mains et il craint d’être attrapé par l’armée ennemie qui prépare le procès de Nuremberg.

                                       

Dans ce monde sauvage où règlement de compte et loi de la jungle règnent, Krabe, un autre allemand, déambule, un appareil photo en bandoulière. Il tient à ce précieux objet qui intéresse les alliés. Il s’agirait peut-être de la 3ème Kamera, comme on avait tendance à surnommer ce troisième appareil avec lequel les membres du service de la propagande nazie prenaient des clichés inofficiels. Contiendrait-il des documents susceptibles d’apporter les preuves indiscutables de la culpabilité des chefs nazis qui allaient comparaitre devant la justice internationale ?

Dans un époustouflant théâtre postapocalyptique de fin de Seconde Guerre mondiale, Cédric Apikian au scénario et Denis Rodier au dessin (qui s’était déjà illustré dans l’excellent roman graphique La Bombe qui retrace l’histoire de l’arme atomique), entrainent le lecteur dans une enquête pleine de suspens et de rebondissements, jusqu’au dénouement final assez inattendu. Une version couleur existe, mais l’édition collector noir et blanc donne une vraie profondeur et une immense force à l’ensemble.


                                      

Trois grandes thématiques historiques émergent de ce roman graphique. La première, et peut-être la plus connue, est celle de la traque des chefs nazis alors que la guerre n’est pas encore totalement finie. Des commissions d’enquête cherchent des preuves accablantes afin de préparer un procès inoubliable qui était censé donner une leçon d’humanité au monde pour que de telles horreurs ne puissent se reproduire. Moins connues, est celle des photographies inofficielles prises par des membres de la SS sur les lieux d’assassinat en Europe de l’Est. Ces photographies, très largement diffusées et utilisées dans toutes les classes de France et d’ailleurs sont souvent exhibées sans qu’on en explique l’arrière du décor au sens propre du terme, à savoir qui est derrière l’objectif, et quelles sont les circonstances et les raisons de ces prises de vues.

                                       

Les Werwolf enfin sont mis en avant, non pas pour être glorifiés, mais pour montrer à quel point de fanatisme et de manipulation ils ont été soumis pour donner leur vie à un Führer, qui, même mort, continuait de soumettre ces jeunes garçons à son idéologie mortifère dont personne dans son camp n’est ressorti vainqueur.

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