dimanche 8 avril 2018

Ari Folman, David Polonsky, Le journal d'Anne Frank, Calmann Levy, Paris, 2017.




Ari Folman, David Polonsky, Le journal d'Anne Frank,
Calmann Levy,
Paris, 2017.

Ce n'est pas parce que le thème du livre est embêtant, bien au contraire, mais il m'a toujours été très compliqué de lire le fameux Journal d'Anne Frank. Les raisons? Aucune de réellement convaincante... Est-ce parce qu'on nous incite depuis toujours à le lire en nous rabâchant qu'on ne peut pas en faire l'impasse? Est-ce la forme journal épistolaire qui m'intéressait peu? Ou tout simplement le mauvais goût des couvertures des différentes éditions: en général une photographie grisâtre de la jeune fille à sa table d'écriture, sur un fond jamais très blanc? Quoi qu'il en soit, je n'avais jusqu'à présent jamais lu le fameux Journal...

Pourtant, quand on m'a mis dans les mains cette édition bande dessinée, la réaction fut toute autre et l'envie me prit immédiatement de me plonger dans ce monument de la littérature sur la Shoah. A l'image de la couverture justement, tout le reste du livre tient d'une véritable prouesse narrative et graphique. L'adaptation dessinée du Journal est plus qu'une réussite: c'est un chef d'oeuvre!

Les deux auteurs, Ari Folman et David Polonsky, scénariste et illustrateur de Valse avec Bachir, ont sélectionné avec soin les pages du Journal afin de rendre compte au mieux de l'ensemble du texte original et de l'histoire de la famille Frank qui venait de quitter l'Allemagne où tout devenait dangereux et invivable pour les juifs. On y évoque bien sûr l'entrée par le passage secret dans l'Annexe, cet appartement caché dans l'entreprise familiale, où la famille Frank va très rapidement devoir cohabiter avec les Van Daan, eux-mêmes obligés de s'y réfugier après l'invasion des Pays Bas par les nazis.

Au fil des planches, les mois passent, puis les années, la vie devient de plus en plus difficile; les protecteurs qui ravitaillent les réfugiés se font de plus en plus rares; la faim noue les estomac; la promiscuité et le manque d'intimité deviennent de plus en plus pressants; la peur et l'ennui rendent les journées très longues et insupportables.

En même temps, Anne grandit, de petite fille, elle devient adolescente, avec ses rêves et ses désirs d'amour. Pour conjurer les manques, la peur, la haine des colocataires, ses relations difficiles avec sa mère, celles étranges avec son père, elle noircit les pages de son journal, cadeau qui lui a été fait pour un de ses anniversaires, écrivant jour après jour à sa correspondante imaginaire qu'elle a choisi de nommer Kitty.

La fin de cette histoire, on la connait tous et c'est pourtant avec une bien plus grande émotion encore que les dernières planches racontent la fin tragique de la jeune fille. Tout y est beau, malgré l'horreur de ce qui arrive. Comment une bande dessinée peut-elle à ce point redonner vie à un texte qu'on imaginait figé à jamais? Pour le savoir, il suffit de lire ce magnifique livre qu'il est fortement conseillé de se procurer.

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